MAISON DU BRACONNAGE - 30 JANVIER 2016
L'ABEILLE ET LE BRACONNIER
Soirée coin de la cheminée

Michel Viginier
Soirée au coin de la cheminée à la Maison du braconnage pour un moment de mémoire braconnière de Sologne. L’invité était le père Michel, alias Michel Viginier. Fils, petit fils et arrière petit fils d’apiculteurs, il est la mémoire vivante de l’apiculture solognote. En 1992, il avait créé à Salbris un éphémère musée de l’abeille et du braconnage. C’était bien avant la Maison du braconnage à Chaon qui n’a ouvert ses portes qu’en 1997.
Le pourquoi de cette association d’activités de terroir, l’apiculture et le braconnage, tient au fait que, dans la Sologne sévèrement gardée du début du XXe siècle les apiculteurs disposaient de passe-droits pour pénétrer dans les propriétés où ils avaient leurs ruchers. Ils n’avaient pas de difficultés à étendre leur quête à la collecte clandestine du gibier. Apiculteur braconnier était la raison sociale de Justin Paulin, tendre braco de Souesmes qui n’aimait pas faire de mal aux animaux. Son terrain de jeux balayait le triangle Souesmes, Salbris, Theillay.
Photographié avec un sanglier sur le guidon de son vélo le brave homme a profondément marqué l’enfance du père Michel. Souvenirs de transhumance apicole vers la Beauce où le camion paternel équipé d’un câble tendu sous l’essieu avant et muni d’un panier en grillage nettoyait la route départementale de ses lapins.
Nostalgie des « paniers à mouches » et du miel en rayon vendu au kilo sur les marchés, d’une flore disparue, et avec elle les miellées qui faisaient la richesse apicole de la Sologne. Bruyère cendrée à la fin juin et surtout callune à la mi-Aout ont cessé de mieller après la disparition du lapin de garenne décimé par la myxomatose à partir de 1952. Le fameux miel de bruyère qui était exporté vers l’Allemagne n’est plus un Sologne qu’un lointain souvenir. La forêt a englouti la lande, le lapin de garenne est un fantôme et les braconniers de village se sont volatilisés, mais le père Michel a toujours des abeilles au fond des bois.
Le goût de la Sologne
Après l’évocation mélancolique du passé, on a basculé dans les saveurs concrètes, avec un temps de dégustation d’authentiques miels de Sologne d’aujourd’hui. Issu de micro terroirs les miels de Sologne jouent sur une palette de saveurs florales très étendue, de plus en plus marquée par la forêt. Le père Michel n’a pas son pareil pour dénicher le goût de la germandrée ou de la bourdaine, les saveurs corsées du miellat des chênes et des charmes, des cadeaux qui tiennent à la météo de l’été. La Sologne se découvre aussi à travers ses miels.